Declaración de la Havana
1933 : Walker Evans photographie La Havane dans le cadre d’un livre (The Crime of Cuba – Carleton Beals) sur la dictature de Gerardo Machado. L’écrivain, proche des communistes américains, veut dénoncer la situation d’un pays où règne corruption, prostitution et répression d’Etat. Le pays est sous contrôle direct des Etats-Unis, La Havane la ville de tous leurs vices. Le photographe, au delà du simple constat, affirme une nouvelle fois, peut être avec le plus de brio, les bases de son attitude esthétique : le style documentaire.
1959 : Les «Barbudos» entrent victorieux à La Havane, libérant le pays du joug de Fulgencio Batista. A leur tête, 3 hommes : Fidel Castro, Ernesto «Che» Guevara, Camilo Cienfuegos. Un vent de liberté souffle sur la ville, Cuba ne sera plus (jamais ?) le bordel des Etats-Unis. Une fois nationalisées les entreprises nord-américaines, le gouvernement cubain se tourne vers la puissance qui peut lui garantir les échanges qui lui font à présent défaut. A l’empire nord-américain succède celui des soviétiques. Les Etats Unis imposent en 1961 le blocus le plus long de l’histoire contemporaine. Renforcé au cours des ans, il constitue une atteinte sans précédent à la souveraineté nationale d’un pays.
1989 : L’Union Soviétique s’écroule rompant tous ses échanges avec la grande île des Caraïbes. Ici débute ce que Fidel Castro qualifie de «période spéciale».
1993 : La leçon est bien comprise, depuis 4 ans le peuple cubain traverse une des crises économiques et sociales les plus profondes de son histoire. Le socialisme de référence est mis de coté et laisse la place à une sorte de «capitalisme» à la cubaine. Les principes révolutionnaires restent toutefois actifs bien qu’ils manquent singulièrement de résonance.
Le blocus US pèse aujourd’hui de tout son poids sur le développement du pays. Plus loin que celui-ci, se dessine clairement la politique américaine et occidentale : la domination et le pillage «légal» des richesses des pays du Sud par ceux du Nord via le FMI et la Banque Mondiale.
Ambiance d’aprés-guerre et de rationnement, portrait d’une ville en état de siège. La Havane est pareille à une cité fantôme, un monde parallèle, peuplée des ombres improbables du Che, de Camilo Cienfuegos, de Macéo et de Marti. Le passé et le présent se confondent en un temps unique, le futur n’a plus de raison d’être.
En 1993, c’est au jour le jour que la vie se fait à Cuba.
De la façon la plus documentaire possible, prenant la ville comme un tout, sans en faire son portrait à travers ceux de ses habitants, parce que selon moi, les murs parlent souvent plus que les visages, j’ai initié à mon arrivée à La Havane un voyage à travers le temps. C’est dans la banalité, la quotidienneté et dans les traces qu’existe selon moi avec le plus de force la réalité, c’est donc dans ces dimensions-là que j’ai cherché des images. Parfois violentes, comme celle de ce jeune homme noir écroulé et dénudé, mais révélatrices de l’abandon et de la détresse qui peuvent régner dans cette ville. Parfois intemporelles ou anodines, jamais sensationnelles.
Patrice Loubon
Expositions
“A la mémoire de José Gomez”
exposition «ethnophotographique», à propos de Cuba dans les studios de la Community Music House, Londres, Royaume Uni, été 93. “La déclaration de La Havane” projectionsonorisée (discours Fidel Castro) aux XXIV° Rencontres Internationales de la Photographie (R.I.P). Arles, 94. à la galerie B101, Némausus, Nîmes, octobre 94. “I’ll see you in Cuba”, installation composite sur les rapports Cuba-Floride et le phénomène des “Balseros”, àlagalerie B101, Némausus, Nîmes, février 96. “Havana 1993”,
La Habana 1993
exposition rétrospective, au RAKAN, Nîmes octobre 97, au Centre Universitaire de Nîmes, site Vauban, mai 98, au Cargo de Nuit, café-musique, Arles, mai-juin 98.
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